Anywhere #9 : Rencontre avec Mehdi Dziri, Directeur Général chez Ubiq
Et une question : demain, le travail individuel sera-t-il banni du bureau ?
Bonjour à tous et bienvenue dans l’épisode #9 d’Anywhere, la newsletter qui explore le futur de l’espace de travail, dans votre boîte mail chaque mois 📩
Au programme pour ce dernier épisode de l’année 2021 :
S’inspirer : Mehdi Dziri, Directeur Général chez Ubiq, nous partage les principaux apprentissages du baromètre Ubiq Data, qui fait un état des lieux du marché du bureau
Réfléchir : Faut-il bannir le travail individuel du bureau ?
Voyager : 3 lieux de travail atypiques à Los Angeles, Montpellier et Paris
+ une nouvelle à vous partager concernant les prochains contenus d’Anywhere (à la toute fin de cette édition 😊)
Bonne lecture !
Rencontre avec Medhi Dziri, Directeur Général chez Ubiq
L’invité en bref
🤓 Poste : Travailleur Ubiq - Directeur Général
⚒ Mission : Permettre à chacun de travailler partout en créant de la valeur pour tous
🏠 Entreprise : Ubiq, la plateforme qui aide les entreprises à trouver leur solution de bureau idéale
🎯 Secteur : Immobilier, Coworking
👋 Nombre de salariés : 20
L’invité en 5 questions
1️⃣ Bonjour Mehdi, merci d’avoir accepté notre invitation ! Avec Ubiq, vous avez lancé le baromètre Ubiq Data le mois dernier. De quoi s’agit-il exactement ?
L’Ubiq Data, c’’est un concentré d’analyse des données issues de notre plateforme à travers trois angles d’analyse :
La mise à jour de l’Indice du coworking, qui se concentre sur les acteurs du cowork en France : quelles sont les offres de bureaux ? Qui consomment quoi ? Où ? Quels changements avec la crise sanitaire ? Comment ça se passe avec la reprise des bureaux ?
L’analyse des offres de bureaux de notre plateforme : quelles sont les nouvelles offres sorties ? Le coworking, mais aussi le bureau opéré et la sous-location qui se sont beaucoup développés.
L’analyse des demandeurs de notre plateforme pour construire une cartographie des typologies de demandes des clients
2️⃣ Pourquoi vous êtes-vous lancés dans une étude de cette ampleur ?
Pour deux raisons principales :
Le constat qu’après deux années de turbulence, télétravail, stratégie immobilière et de bureau complètement bouleversé, il fallait prendre un peu de hauteur et comprendre ce qu’il se passait. On publiait depuis 2016 l’indice du coworking, et dans la continuité de cet indice on souhaitait le mettre à jour, mais en élargissant le sujet en s’intéressant au marché du bureau flexible au sens large
La volonté d’éclairer le marché du bureau flexible : jusqu’à maintenant, les seules sources de données qu’on avait étaient les sondages en entreprises. Or, Ubiq est une plateforme transactionnelle qui recense énormément d'offres et de demandes. Cela nous a donné l’idée de réaliser une analyse du marché avec un point de vue un peu différenciant, en se demandant : et si on faisait parler les données pour voir ce que les gens consomment vraiment, en exploitant et en analysant ces données en les rendant publiques, disponibles en open source ?
3️⃣ Tu parles de bureau opéré et de la sous-location, qui se sont beaucoup développés : comment tu l’expliques et as-tu observé d’autres tendances ?
Ce qui restait marquant en termes d'offres, c'est la nature des sous-locations.On a le même nombre d'offres mais elles ont changé. Avant, on avait beaucoup d'offres de colocation, qui proposaient de partager son open-space en sous-louant une partie de son espace. Aujourd’hui, on a de plus en plus de sous-locations qui sont des espaces complètement privatifs : des plateaux entiers voire des immeubles indépendants. Entre 2019 et 2021, le nombre d’offres de sous-locations indépendantes a été multiplié par plus de 2 (on est passé de 12,96% à plus de 30%). Cette évolution s’explique principalement par la crise sanitaire qui a vidé certains espaces de travail.
Le deuxième type d’offre qui s’est beaucoup développée, c’est le bureau opéré, un modèle entre le coworking et le bureau traditionnel à louer en bail commercial classique. C’est une surface de bureau totalement privative louée clés en main (mobilier, internet, services de ménage, de conciergerie,...) et le client reçoit une facture unique à la fin du mois. C’est une offre qui a le vent en poupe car il y a de plus en plus d’acteurs (une vingtaine en France aujourd’hui), qui sont spécialisés dans la conversion d’offres de bureau traditionnelles en bureau opéré, en concevant des espaces sur-mesure pour un client. C’est une solution alternative qui se développe aussi dans des villes comme Lyon ou Bordeaux, et qui intéressent beaucoup les startups car l’engagement est plus flexible, ça prend généralement la forme d’un contrat de prestation de service.
4️⃣ Selon toi, ces tendances sont-elles amenées à s’installer à moyen et long terme ? Le bureau opéré intéresse-t-il d’autres types de clients que les startups ?
Le développement des sous-locations répond à une situation particulière du marché très conjoncturelle puisque ce sont des entreprises qui ont conclu un contrat de bail sur des bureaux finalement trop grands. Après cela peut-être aussi une stratégie à considérer : louer plus grand que nécessaire et sous-louer en attendant d’avoir besoin de la totalité de l’espace. C’est ce qu’on vient de faire chez Ubiq, mais bon, c’est notre cœur de métier !
Concernant le bureau opéré, c’est un modèle qui est voué à se développer, j’en suis certain. Ce qui est très intéressant est que cela transforme complètement le marché traditionnel du bureau et requestionne les acteurs traditionnels qui ont un parc immobilier gigantesque et viennent de subir une crise. Ils se posent alors la question de savoir s'ils ne doivent pas se réadapter aux usages des clients aujourd’hui, en répondant à leurs besoins de résilience et de flexibilité : pouvoir adapter en temps réel sa capacité d’accueil à ses besoins à un moment donné.
5️⃣ Et enfin, comment imagines-tu l’espace de travail de demain ? Que devra-t-il offrir ?
Pour moi, l’espace de travail de demain n’est pas unique ou rigide. Ce n’est pas forcément un lieu physique incarné, mais plutôt un écosystème de lieux, à la fois réels et virtuels, qui vont permettre à chacun de travailler de partout tout en créant de la valeur pour tous. Cela signifie qu’on va réfléchir à notre stratégie de bureau un peu différemment.
Une première dimension est celle de permettre à ses collaborateurs d’avoir le choix de travailler en virtuel, en physique et de pouvoir donc adapter son espace de travail à sa posture de travail à un moment donné. Et donc par là, favoriser le bien-être physique et mental des collaborateurs.
La seconde dimension est celle de réfléchir à ses bureaux en se posant la question de l’impact environnemental de ses bureaux, en phase de construction et en phase d’exploitation. Par exemple, lorsqu’on voit sur le marché de la sous-location le nombre d’espaces qui sont inutilisés, on se pose la question de la pertinence de la construction neuve… il s’agirait plutôt de mieux utiliser ces mètres carrés.
Aussi, il est nécessaire aussi de repenser la manière dont on recherche des bureaux notamment leur distance par rapport à l’adresse des collaborateurs, pour minimiser l’impact carbone du trajet domicile-travail, qui représente aujourd’hui près de 30% des émissions de CO2 des émissions de CO2 liées aux transports. Sur la plateforme Ubiq, on essaie de développer par exemples des algorithmes de recherche de ses bureaux par temps de trajet, en entrant les adresses de ses collaborateurs.
Merci beaucoup Mehdi, et à très bientôt !
Pour télécharger le baromètre Ubiq Data dans son intégralité, par ici.
Faut-il bannir le travail individuel du bureau ?
On ne vous apprendra rien en disant que les salariés ne sont plus prêts à revenir à du 100% présentiel. Avec la nouvelle vague de cas Covid et le retour des mesures sanitaires strictes dans les entreprises (pour celles qui jouent le jeu !), les organisations qui avaient encore un doute comprennent qu'elles ne vont avoir le choix que d’être en capacité de changer et d’adapter la vie de bureau à ces nouvelles contraintes.
Face à un bureau de plus en plus tourné vers le collectif, pouvons-nous envisager dans le futur un espace de travail qui bannirait complètement le travail individuel ?
Le travail collaboratif, star des organisations renforcée par la crise sanitaire
Au cœur des nouvelles pratiques de travail, la collaboration, l’intelligence collective et la co-construction intègrent massivement le monde de l’entreprise depuis maintenant des années - de façon plus ou moins rapide et efficace, certes, mais quand même.
La crise que nous traversons a conduit les entreprises à repenser en profondeur la question du lieu de travail, en accélérant notamment l’intégration du télétravail… Là où on aurait pu imaginer une chute du travail collaboratif, les échanges, à distance puis en physique, se sont au contraire multipliés !
Et depuis quelque temps, les retours progressifs (et temporaires) au bureau challengent les organisations qui doivent redoubler d’efforts pour redonner envie à leurs collaborateurs de revenir, en proposant une véritable expérience, des services, et un environnement favorisant les échanges et le travail en équipe.
Progressivement et malgré la crise sanitaire, le bureau est alors repensé comme un espace construit autour d’espaces collaboratifs.
YouLoveWords, l’agence qui a étendu sa surface de bureau post-Covid
Ces dernières années, j’ai beaucoup travaillé avec l’agence de Content Marketing YouLoveWords. J’ai toujours adoré la relation humaine que j’ai eue avec chaque personne que j’ai croisée, à chaque étape de nos collaborations. Un vrai plaisir de travailler ensemble (un peu comme lorsque je travaille sur cette newsletter avec Archibald, d’ailleurs !).
Si je vous en parle, c’est parce qu’ils m’ont encore surpris récemment en investissant de nouveaux bureaux, beaucoup plus spacieux que les précédents. A contre-courant des entreprises qui envisagent le télétravail comme une opportunité de réduire leur parc immobilier, YouLoveWords prend le parti inverse, pour faire de son bureau un lieu vivant de collaborations et d’événements, entre collègues, mais aussi avec leurs clients et partenaires.
Un pari risqué par les temps qui courent, mais auquel je crois beaucoup et qui m’a fait m'interroger sur la question suivante.
Demain, faudra-t-il bannir le travail individuel du bureau ?
Si on reprend l’exemple de YouLoveWords, ils n’en sont pas encore là, certes. Mais si on pousse cette logique plus loin, on imagine pouvoir un jour voir se développer des espaces de travail constitués uniquement d’espaces de collaboration.
L’idée est assez séduisante, en ce qu’elle permettrait d’accéder à un rythme intéressant conciliant les avantages du travail à distance (réduction du temps de transport, de la fatigue etc) et ceux du bureau (être et échanger avec ses collègues, travailler son réseau interne, comprendre et adhérer à la culture d’entreprise,...).
Cette configuration connaît en revanche certaines limites - à bousculer ou pas, par exemple :
La question du lieu de travail des salariés n’ayant pas ou peu l’occasion de travailler en équipe : sont-ils bannis de la sphère du bureau ? Quelle option peut-on leur proposer ?
Les inégalités de confort liées au travail à domicile restent les mêmes, donc cette idée est réalisable si et seulement si l’entreprises propose à ses collaborateurs des alternatives au travail à domicile (coworking, sites à proximité du domicile,...)
Vous avez un avis sur la question ? Nous serons ravis d’échanger avec vous, par mail ou sur LinkedIn (Archibald et moi).
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Breaking news
Une dernière chose avant de vous quitter aujourd’hui : je vous annonce que c’est déjà la fin de ma contribution à cette chouette aventure en collaboration avec Deskapad. C’était un vrai plaisir de vous proposer ce contenu chaque mois, et je laisse maintenant Archibald reprendre la main avec sa super équipe !
Joyeuses fêtes à vous,
Jeanne