Anywhere #10 : Rencontre avec Amaury De Buchet, Fondateur de l’espace de coworking Greenspace Paris
Et notre interview fictive : réduire les inégalités entre les télétravailleurs, est-ce possible ?
Bonjour à tous et bienvenue dans l’épisode #10 d’Anywhere, la newsletter qui explore le futur de l’espace de travail, dans votre boîte mail chaque mois 📩
Pour cette édition, c’est moi (Manal) qui suis aux platines en espérant faire aussi bien que Jeanne qui a mis la barre très haut ! 😊
Au programme aujourd’hui :
S’inspirer : Amaury De Buchet, Fondateur chez Greenspace Paris, nous partage sa vision du travail de demain, entre bureaux et autres lieux de travail
Réfléchir : Réduire les inégalités entre les télétravailleurs, est-ce possible ?
Voyager : 3 lieux de travail atypiques en Turquie, à Chartres et à Montréal
Bonne lecture !
Rencontre avec Amaury De Buchet, Fondateur de Greenspace Paris
🤓 Poste : Fondateur et gérant
⚒ Mission : Un espace de travail qui se veut calme et comme à la maison
🏠 Entreprise : Greenspace Paris - espace de coworking
🎯 Secteur : Coworking
👋 Nombre de salariés : 2
L’invité en 5 questions
1️⃣ Bonjour Amaury et merci d’avoir accepté notre invitation ! Selon vous, quel est le sens des bureaux dans le monde post-covid ?
Un espace de travail c’est deux choses. D’un côté, on a un lieu où on va effectuer notre travail, donc un lieu généralement physique comme un bureau. D’un autre côté, on a aussi la socialisation avec nos collègues, c’est quelque chose de très important. Pendant les confinements passés, les salariés ont découvert que le télétravail n’était pas toujours évident soit parce qu’on perdait le contact avec nos collègues, soit parce qu’on n’avait pas les conditions idéales surtout si on est en télétravail avec nos enfants ou notre conjoint.
Un espace de travail post covid, pour moi, c’est apprendre à re-composer la socialisation et l’espace physique de travail que ce soit à la maison ou dans un tiers-lieu.
2️⃣ Quelle est la place du coworking dans la politique des entreprises ? Une solution de remplacement ou un complément ?
Le télétravail dans un tiers-lieu reste encore une exception. Le télétravail, pour 99% des télétravailleurs, se fait à domicile. Pour l’instant, le coworking reste une solution de complément mais pas une solution de remplacement mais tout dépend de la taille de l’entreprise. Pour les grandes entreprises, ce n’est clairement pas une solution de remplacement car ils ont des besoins particuliers qui ne sont pas réalisables dans un espace de coworking, mais seulement dans des bureaux dédiés. En revanche, on a vu des TPE, voire des PME quitter leurs bureaux en 3-6-9 pour intégrer un espace de coworking, lieu plus adapté à leurs besoins.
3️⃣ Comment un espace de coworking peut-il mettre en valeur les cultures d’entreprise de chaque entreprise, différentes les unes des autres ?
On y apporte une attention particulière. Déjà, il faut qu’on soit très ouvert envers les cultures des différentes entreprises présentes dans notre espace de coworking jusqu’à un certain point. En ce qui nous concerne, on recommande déjà aux entreprises de faire une première visite de notre espace. Le mieux pour eux, c’est de faire ensuite un test pour voir si leur culture d’entreprise est compatible avec la nôtre. Quand on a des petites entreprises avec deux ou trois personnes, généralement le problème est moindre. En revanche, pour des entreprises de grande taille, c’est plus compliqué. On ne prend que des entreprises composées au maximum de 12 personnes car cette taille reste compatible avec la taille de notre espace. En effet, on a une centaine de coworkers dont des nomades qui viennent travailler pour quelques jours. Si on avait une grande équipe qui venait travailler dans notre espace, ça risquerait de déséquilibrer l’ensemble. L’idée c’est que chaque entreprise puisse continuer à avoir sa vie professionnelle interne tout en favorisant les échanges sociaux. Ça donne de la valeur à la culture d’entreprise. On a même pu constater des entreprises changer régulièrement d’espace de coworking, ce qui leur permettait de nourrir leur culture d’entreprise et leurs réseaux.
4️⃣ Le bureau attitré est mort, vive le flex office ?
C’est caricatural de dire que le bureau attiré est mort... Nos coworkers nous avouent souvent qu’ils préfèrent, au final, le bureau en open space au bureau fermé. Cela dit, il reste encore des travailleurs qui cherchent à avoir leurs postes attitrés, notamment pour y laisser leurs affaires dans des box. En effet, un poste non attitré a des contraintes logistiques (accès à un box) qu’un poste attitré n’a pas. Je pense donc qu’on a encore besoin des bureaux attitrés notamment pour pouvoir garder cette flexibilité a contrario d’avoir leurs affaires sur place.
5️⃣ Comment imaginez-vous l’espace de travail dans 10 ans ?
Je vais partir de mon expérience et j’aime bien cette formule qui est : on va travailler assis, debout, couché. En fonction de notre type d’activité, on va choisir l’endroit où on va être amené à travailler. On peut travailler en équipe sur des projets avec des sièges en hauteur. On peut travailler sur des tables assises pour être concentré, mais aussi sur des canapés pour réfléchir et être créatif, voire allongé pour faire une sieste éclair. L’idée c’est d’avoir différents types d’assises mais aussi différents types de lieux de travail en fonction du niveau de confidentialité souhaité. Est-ce que je dois me concentrer pour faire mon travail ou est-ce qu’au contraire je dois passer beaucoup de coups de fil ? Dans le dernier cas, je devrais aller dans un bureau, si possible le plus proche de l’endroit où je suis.
Merci beaucoup Amaury !
L’interview fictive : Réduire les inégalités entre les télétravailleurs, est-ce possible ?
Un peu de contexte
Pour cet épisode, nous nous sommes plongés dans une interview fictive autour de trois salariés qui nous témoignent leurs retours d’expérience sur le chèque de télétravail. Comme vous le savez, depuis fin novembre, la députée Frédérique Lardet, a proposé une loi visant à créer un titre télétravail. Nous avons volontairement accentué sur le fait qu’il existe plusieurs profils de salariés et que les inégalités peuvent arriver entre eux selon différents critères : le type de poste, la situation familiale, le logement, la localisation... Voyons voir si ce chèque peut réduire les inégalités entre les télétravailleurs.
Faisons les présentations
Avant de commencer cette interview fictive, nous vous présentons trois salariés : Marine, Mehdi et Sabrina. Cette petite équipe fait partie d’une start-up de communication. Marine, 32 ans, est chargée de communication. Mehdi, 25 ans, est community manager en alternance. Enfin, Sabrina, 39 ans, est PDG de sa boîte.
Nos invités en 4 questions
1️⃣ Bonjour à tous les trois et merci d’avoir accepté cette invitation. Comment avez-vous dépensé ce titre-télétravail ? Et pourquoi ?
Marine : Pour ma part, j’ai de la chance d’habiter dans une grande maison : j’ai pu aménager une des pièces de ma maison en véritable bureau privé ; et grâce au titre-télétravail, j’ai pu m’équiper d'un bureau et d’une chaise ergonomique chez Slean. Maintenant, j’y travaille confortablement et j’ai toutes les conditions réunies pour être productive à la maison.
Mehdi : Contrairement à Marine, c’est compliqué d’aménager une pièce entièrement dédiée à un espace de travail et encore plus dans mon petit studio. Je n’ai même pas assez de place pour y installer un bureau et une chaise ergonomique. J’ai donc utilisé mon titre dans les espaces de coworking pour travailler de façon efficace et ça, à 10 minutes à pied de chez moi.
Sabrina : Quant à moi, je l’ai aussi utilisé dans les espaces de coworking mais pas pour les mêmes raisons que Mehdi. Même si j’ai toutes les conditions réunies pour télétravailler, je me sens un peu isolée à la maison. J’ai eu la nostalgie du bureau pendant un long moment. Je vous avoue que j’aime voir du monde, c’est pourquoi, j’ai utilisé mon titre pour aller en espace de coworking.
2️⃣ Le titre-télétravail a-t-il permis de faciliter la collaboration à distance ?
Mehdi : Etant community manager, je ne sollicite pas beaucoup mes collègues pour réaliser mes tâches respectives. Habituellement, on s’appelle en visio pour faire nos points hebdomadaires. Ces points nous permettent de suivre les travaux réalisés par chacun d’entre nous. Pour ma part, ça me convient très bien. En revanche, humainement parlant, il est clair que ça fait du bien quelques fois de les revoir dans un espace de coworking (ou ailleurs) car ça renoue les liens et la cohésion d’équipe.
Sabrina : Je suis d’accord avec Mehdi sur ce point. En fait, tout dépend du type d’activité. Par exemple, avec Marine, on travaille actuellement sur un salon professionnel et on a souvent besoin de s’appeler pour valider des points. La dernière fois, j’étais dans un espace de coworking et j’aurais aimé qu’elle vienne me rejoindre pour qu’on avance plus vite sur le salon.
Marine : Tout à fait, je sollicite beaucoup Sabrina, surtout en ce moment. Cela dit, on arrive quand même à collaborer ensemble grâce aux outils numériques comme Whereby et c’est déjà très bien !
3️⃣ Pensez-vous que ce titre permet de gommer les inégalités entre télétravailleurs ?
Marine : Je n’irais pas jusqu’à dire que ça les gomme mais ça les réduit. Là encore, tout dépend de notre situation personnelle, de notre façon de travailler et de la localisation de notre domicile. Pour ma part, c’est ma situation familiale et mon lieu d’habitation qui m’empêchent d’aller en espace de coworking. Ayant deux enfants de bas âge, je ne peux pas me permettre d’aller en espace de coworking où le plus proche se trouve à 1h de route, sans compter les embouteillages ! En revanche, j’ai pu rentabiliser ce titre en réunissant toutes les conditions matérielles et techniques pour être efficace en télétravail à la maison, chose que Mehdi n’aurait pas pu faire avec son studio par exemple.
Mehdi : C’est clair ! En réalité, tout est question du profil du télétravailleur. J’ai vraiment ressenti ces inégalités pendant le télétravail. Tous mes collègues pouvaient travailler confortablement tandis que moi je perdais en énergie et en productivité à travailler tant bien que mal dans ma cuisine. Le fait d’avoir bénéficier de ce titre m’a permis de trouver un espace de coworking près de chez moi, espace que j’ai pu trouvé dans l’application Deskapad.
Sabrina : J’ajouterai que ça nous a permis de les réduire s’il contribue à augmenter le bien-être des télétravailleurs. Pour cela, il faut donner la parole à celui qui travaille pour savoir ce dont il a besoin pour travailler efficacement et confortablement.
4️⃣ Comment serait le télétravail dans le meilleur des mondes ?
Sabrina : Dans un monde parfait, le fait de travailler au bureau ou à distance ne serait pas imposé mais proposé aux collaborateurs. A nous d’avoir le choix de notre lieu de travail : au bureau ou à distance quand on veut, où on veut et avec qui on veut.
Mehdi : L’entreprise aiderait les jeunes collaborateurs pour qu’ils puissent avoir un appartement plus grand. Ça leur permettrait d’avoir suffisamment de place pour y installer un bureau. Ça faciliterait la pratique du télétravail et ça réduirait un peu plus les inégalités entre nous.
Marine : Quant à moi, j’espère qu’il y’aura une multiplication des espaces de coworking mais pas seulement dans les grandes villes. Il n’y en a pas dans mon village et ce serait sympa d’en trouver un à moins d’un quart d’heure en vélo.
Merci Marine, Sabrina et Mehdi et à bientôt !
Le télétravail peut créer des inégalités, un des enjeux de l’entreprise sera de donner à son collaborateur les moyens de toujours travailler dans les meilleures conditions, qu’il soit au bureau ou à distance, chez lui ou dans un espace de coworking. Nul doute que les aides de l’Etat pourront aider à prendre conscience du sujet, mais il faudra que les entreprises créent leurs propres solutions si elles veulent embarquer l’ensemble des équipes.
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